Le Directeur du Réseau d’intégrité de l’eau (WIN) accompagné de la Coordonnatrice du Programme Afrique de l’ouest et du développement des capacités dont le siège est basé à Berlin, a effectué une mission au Bénin du 17 au 22 octobre. En dehors des différentes séances d’échanges et de partage d’informations avec tous les acteurs du secteur, sur la vie et l’état du secteur de l’eau au Bénin, la mission a participé à la rencontre sur le dialogue multi-acteurs pour une planification du forum mondial de l’eau. Une occasion pour les membres de la Coalition nationale portée par le Partenariat National de l’Eau (PNE-Bénin), de renouveler leur engagement pour des actions anti-corruption et l’amélioration de la gouvernance de l’eau dans notre pays.

Il y a des liens étroits entre les objectifs du Réseau d’intégrité de l’eau (WIN) qui stimule les activités anti-corruption dans le secteur de l’eau et le PNE-Bénin qui œuvre inlassablement et qui a pour vocation, l’amélioration de la gouvernance dans le secteur dans notre pays. C’est ce qui justifie l’engagement du PNE-Bénin pour la matérialisation de la vision de WIN dans notre pays, a précisé le Coordonnateur du PNE-Bénin au lancement des travaux de cette journée d’échanges. Pour le directeur de Win, Teun Bastemeijer, le Bénin est l’un des premiers pays où on a entamé le dialogue au sujet de la promotion des actions WIN. Il a indiqué que la mission arrive au Bénin à un moment où le réseau aborde une phase d’accélération pour l’élaboration d’une nouvelle stratégie avec pour ambition, le développement de programmes régionaux et de pays. Se félicitant d’avoir de grands espaces de travail avec le Bénin, il a signalé que dans le cadre d’un processus itératif, un plan d’actions pourra voir le jour pour le Bénin. « Le processus au Benin est en route et il y a un intérêt au plus haut niveau et nous abordons les questions de façon franche et honnête », a-t-il souligné.

Intervenant, le Secrétaire général du ministère en charge de l’eau, a fait remarquer qu’au Bénin, l’intégrité et la lutte contre la corruption, constituent des « enjeux souvent intentionnellement ignorés dans le domaine de la gouvernance de l’eau et des services y associés ». Et d’ajouter que, pourtant, la lutte contre la corruption est de l’intérêt général de ceux qui se soucient de la pauvreté, de la sécurité alimentaire et du progrès économique en vue de favoriser un environnement durable à l’amélioration des conditions de vie des populations.

Pour terminer, il a rappelé que selon le rapport mondial de la corruption 2008, le non respect de l’intégrité dans le secteur de l’eau fait perdre 25 à 40% des fonds dans le secteur de l’eau du fait de la corruption et des failles qui subsistent dans le système de gestion et de gouvernance du secteur. Des constats qui interpellent et qui invitent à l’action.

Au cours des travaux, le directeur de WIN et sa collaboratrice ont partagé avec les participants, les missions et les objectifs de son réseau. Un réseau qui encourage les actions orientées vers la recherche de solutions et la formation de coalitions au sein de la société civile, des secteurs public et privé, des médias et des gouvernements. Surtout, ils ont partagé avec les participants, un outil d’évaluation du niveau de corruption appelé “Évaluation annotée de l’intégrité de l’eau (EAIE)” qui constitue une réponse a l’appel lancé dans le rapport mondial sur la corruption 2008 pour la conception d’outils participatifs de qualité visant a analyser la corruption et renforcer l’intégrité dans la prestation des services de l’eau.

Suite a leurs interventions, le Coordonnateur du PNE-Bénin, Armand Houanyé, a présenté les résultats de la simulation effectuée sur la base de cet outil lors de l’atelier de formation de 2010, donnant une idée de la situation de corruption dans notre pays. Réagissant, les participants ont exprimé le besoin de mieux comprendre l’outil et surtout, ils ont souhaité que l’exercice soit réalisé en grandeur nature pour que de façon réelle, le visage de la corruption dans le secteur de l’eau soit dessiné en interrogeant les acteurs. Un souhait qui a les chances d’être réalisé dans le cadre du programme pour le Bénin.

Un forum des acteurs avant Marseille 2012

Après le partage d’informations sur WIN, ses missions et son outil de prédilection EAIE, Armand Houanye du PNE-Bénin, a mis tous les acteurs du secteur participant à la séance, au même niveau d’informations par rapport au processus et a l’initiative sous-régional ” A l’Eau l’Afrique, A l’eau le Monde “. Cette initiative vise essentiellement à encourager et soutenir la tenue des fora nationaux préparatoires du Forum Mondial de l’eau de Marseille.

A cet effet, pour une bonne préparation de ce forum, les participants à travers un Brainstorming, ont échangé sur les conditions pour l’atteinte d’une meilleure performance du secteur qui passent entre autres, par la promotion de la bonne gouvernance, de l’équité et de l’intégrité avec un accent particulier sur la lutte contre la corruption. Différents points suivants ont fait l’objet d’attention. Il s’agit du diagnostic et de l’identification des points chauds en matière d´intégrité aux niveaux local et national, de l’identification des défis et chantiers principaux par sous secteur, de l’identification des bonnes pratiques, des composantes d´un plan d´action, des recommandations pour la préparation du Forum National de l’Eau et la participation du Bénin au prochain Forum Mondial de l’Eau de Mars 2012 à Marseille.

Apres avoir renseigné tous ces différents points, les participants ont fait de fortes recommandations relatives aux dispositions à prendre pour la tenue avant le forum mondial, du forum national de l’eau qui permettra, d’offrir a l’ensemble des parties prenantes du secteur, un espace de mobilisation et d’expression citoyenne et populaire autour des enjeux de l’eau au Bénin. Ainsi, les acteurs et participants à la rencontre, ont retenu la désignation par acte officiel des différentes structures de leurs représentants au sein du comité de pilotage, la formalisation du comité de pilotage et l’établissement d’un calendrier de tenue des réunions de concertation, le portage du processus d’organisation par le ministère de tutelle avec une coordination/ suivi répartition des tâches entre des différents acteurs sur la base cahier de charge des différentes structures, la définition des thématiques principales. De même, il faudra une plus grande implication des médias dans la préparation du Forum National de l’Eau avec l’organisation des panels de discussions avec les différents responsables locaux et nationaux, l’adhésion des différentes structures impliquées à l’idée et responsabilisation des acteurs pour l’atteinte des résultats escomptés…

Les pistes pour une organisation réussie du forum national sont désormais tracées et l’engagement pour des actions anti-corruption renouvelé par les acteurs qui entendent travailler à davantage, améliorer la gouvernance dans le secteur pour des services de qualité aux populations.

Alain TOSSOUNON